PEKIN — Les autorités chinoises ont exécuté neuf personnes condamnées à mort après des émeutes interethniques en juillet dans la province chinoise du Xinjiang, ont annoncé lundi les autorités locales.
"Le premier groupe de neuf personnes ayant été récemment condamnées à mort ont été déjà exécutées avec l'approbation de la Cour suprême", a déclaré à l'AFP Hou Hanmin, la porte-parole du gouvernement du Xinjiang (nord-ouest de la Chine).
On ignorait dans l'immédiat quand ces exécutions ont eu lieu précisément.
Selon de précédentes déclarations du gouvernement du Xinjiang, ce premier groupe était composé de huit membres de la minorité des Ouïghours et d'un Han, l'ethnie ultra-majoritaire en Chine.
Le mois dernier, les autorités du Xinjiang avaient prononcé neuf condamnations à la peine capitale sur un total de 21 accusés après les troubles d'Urumqi le 5 juillet.
Une flambée de violences, les pires depuis des décennies en Chine, avait embrasé début juillet Urumqi, la capitale de cette région située aux confins de l'Asie centrale et à population musulmane.
De source officielle, au moins 197 personnes avaient été tuées lors des émeutes, principalement des Hans. Les jours suivants, ces derniers s'étaient vengés, lançant des expéditions punitives contre des Ouïghours, de langue turque et musulmans.
Ces troubles avaient été immédiatement suivis de rafles massives parmi la population ouïghoure, dont des centaines de membres avaient été emmenés par la police, tandis que la machine judiciaire se mettait en route.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a établi la semaine dernière qu'au moins 43 Ouïghours interpellés, dont des enfants, n'avaient pas réapparu. Le chiffre réel pourrait être largement supérieur, selon HRW.
Les autorités ont accusé les "séparatistes ethniques" de ces violences, sans fournir de preuves. De nombreux Ouïghours se disent en revanche victimes de discrimination.
Un porte-parole du Congrès mondial ouïghour, la principale organisation des Ouïghours en exil, Dilxat Raxit, a condamné lundi les exécutions, soulignant que les Ouïghours exécutés n'avaient pas été autorisés à rencontrer leur famille.
Il a appelé le président américain Barack Obama, attendu dimanche en Chine, à aborder ce sujet avec les autorités.
"Nous espérons que Barack Obama dira clairement et ouvertement au gouvernement chinois de respecter les droits des Ouïghours et de cesser d'utiliser la méthode de la peine de mort pour les réprimer", a déclaré à l'AFP Dilxat Raxit par téléphone depuis la Suède.
"Nous regrettons que les Etats-Unis et l'Europe n'aient pas adopté de mesures effectives à l'encontre de la Chine au sujet de la peine de mort", a ajouté le porte-parole. Si ces pays "ne continuent pas à faire pression sur la Chine, d'autres Ouïghours seront exécutés", a-t-il dit.
Au Xinjiang, une partie de l'ethnie majoritaire ouïghoure dénonce la discrimination religieuse et culturelle dont elle fait l'objet sous couvert de lutte antiterroriste et la présence accrue de Hans, venus du reste de la Chine dans le cadre de la politique de développement économique de cette Région autonome située aux confins de l'Asie centrale.
Source : AFP, 9 novembre, 2009
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