Odell Barnes Jr.

L'association Lutte Pour la Justice (LPJ) a été créée en 1999 pour soutenir Odell Barnes Jr., jeune afro-américain condamné à mort en 1991 à Huntsville (Texas) pour un crime qu'il n'avait pas commis et exécuté le 1er mars 2000 à l'aube de ses 32 ans. En sa mémoire et à sa demande, l'association se consacre à la lutte pour l'abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et en particulier au Texas. (voir article "Livre "La machine à tuer" de Colette Berthès en libre accès" ) : https://www.lagbd.org/images/5/50/MATlivre.pdf

lundi 28 décembre 2009

Chronique d’une mort programmée - 1

Chronique d’une mort programmée - 1

L'exécution de Hank Skinner, condamné à mort au Texas, est prévue le 24 février 2010, premier jour du Congrès mondial contre la peine de mort. Son épouse Sandrine Ageorges, représentante internationale de la Coalition texane pour l'abolition de la peine de mort, chronique cette mort annoncée sur Abolition.fr.Ceux qui accompagnent des condamnés à mort au Texas auraient sans doute des mots différents pour raconter leur expérience du Far West «moderne». Quand le masque du «nouveau monde» tombe et révèle la grimace macabre d’une justice qui tue, les mots sont vains et les émotions sont multiples.

Le chemin vers l’abolition est sinueux et douloureux quand il est question de l’humain et de sa survie à l’isolement dans l’attente de sa mort programmée. Ce que j’ai appris dans le couloir de la mort au Texas et à travers la vie de tous ceux qui y participent (les familles et les amis des condamnés, les familles de victimes, les avocats et enquêteurs, les militants de l’abolition et ceux qui travaillent dans le couloir) m’a profondément changée et affectée.

Lutter pour l’abolition loin de ces mouroirs est un combat noble et essentiel, mais très différent de la lutte sur le terrain. Accompagner un condamné à mort n’est pas un choix anodin, cela requiert un engagement sincère et total pour la vie et pour la vérité.

Jamais auparavant je n’avais imaginé que la question de la culpabilité puisse ne relever d’autre chose que du cas d’exception. Pourtant cette justice-là existe et se porte bien; la justice du résultat et de l’immédiateté, la politique qui utilise la justice à des fins électorales et populistes, la justice qui s’enorgueillit d’une procédure «sans faille» au détriment de la vérité et de vies humaines.Au Texas, cette «justice» sacrifie des vies sur l’autel de la politique et perpétue le pire des mensonges en toute impunité et dans l’indifférence quasi-générale. Depuis une dizaine d’années, la situation a beaucoup évolué, pour le meilleur et pour le pire. Ces progrès qui semblent trop lents sont néanmoins tangibles et encourageants.

C’est bien ce meilleur et ce pire que j’ai découvert lors de ma rencontre avec un condamné à mort, il y a bientôt 14 ans. Malgré un dossier d’innocence très solide, les tribunaux d’état et fédéraux ont passé les 14 dernières années à s’assurer que les portes des procédures d’appel se ferment une à une afin que les preuves scientifiques qui le disculpent ne soient jamais admissibles et afin que celles, susceptibles de le disculper, ne soient jamais expertisées.Au bout d’un long tunnel d’appels stériles, la perspective de son exécution se matérialise car son mandat d’exécution a été signé pour le 24 février 2010. Quelle ironie du sort, une date d’exécution le premier jour du 4ème Congrès International contre la Peine de Mort…C’est l’histoire d’un long chemin partagé avec Hank Skinner dans le couloir de la mort du Texas. Sandrine Ageorges

http://www.abolition.fr/ecpm/french/news.php?new=1162

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