Une adhérente de LPJ a écrit au gouverneur de l'Illinois, Pat Quinn, au sujet de sa décision d'abolir la peine de mort. Voici la lettre que le gouverneur de l'Illinois lui a faite parvenir.
Dear Mrs...
Aujourd'hui j'ai signé la loi du Sénat 3539 qui abolit la peine de mort. Ce fut pour moi une décision difficile, littéralement devoir choisir entre la vie et la mort. Ce n'a pas été une décision prise facilement ni une décision à laquelle je suis arrivé sans réfléchir profondément. Depuis que l'Assemblée Générale avait voté cette loi, j'ai rencontré et écouté beaucoup de gens différents, d'un coté comme de l'autre. J'ai parlé avec des procureurs, des juges, des élus, des responsables religieux du monde entier, des familles de victimes de meurtre, des gens sortis innocentés du couloir de la mort et des gens comme vous qui avez pris le temps de partager vos pensées avec moi. Leurs expériences, vos mots et vos avis ont eu un impact important sur ma façon de penser et je vous remercie de votre aide sur ce sujet.
Grâce à cette aide et grâce aussi à un travail de réflexion, j'ai conclu que notre système qui impose la peine de mort était naturellement défectueux. D'anciens procureurs et juges qui avaient des décennies d'expérience en matière de justice criminelle m'ont prouvé qu'il était impossible d'imaginer un système qui soit solide, libre de toute discrimination tant en ce qui concerne le facteur racial que le facteur géographique ou économique et qui marche toujours bien.
En tant qu'état nous ne pouvons accepter les exécutions d'innocents car de telles actions portent atteinte à la légitimité du gouvernement. Depuis 1977, vingt personnes ont été innocentées en Illinois, dont sept depuis la mise en oeuvre du moratoire en 2000. C'est un chiffre qui nous trouble tous. Dire que c'est inacceptable n'est pas suffisant pour exprimer le profond regret et la honte qu'en tant que société, nous devons ressentir pour ces dénis de justice.
Puisque notre expérience a prouvé qu'il n'y a aucun moyen de construire un système parfait de peine de mort, libre des nombreux défauts qui peuvent conduire à des condamnations iniques ou à un traitement discriminatoire, j'en ai conclu que le mieux était de l'abolir. A cause de notre système défectueux, il est impossible d'être sûr que la justice est rendue dans chacun des cas. Pour la même raison, j'ai aussi décider de commuter les sentences de ceux qui sont actuellement dans le couloir de la mort en emprisonnement à vie sans possibilité de remise de peine ni de libération.
Je n'ai découvert aucune preuve crédible de ce que la peine de mort décourage le crime et le meurtre et le sommes énormes dépensées par l'Etat pour maintenir cette peine seraient mieux employées pour empêcher le crime et pour aider les familles de victimes à surmonter leur peine et leur chagrin.
A tous ceux qui disent que nous devons maintenir la peine de mort pour le bien des familles de victimes, je dis qu'il est impossible de ne pas ressentir le chagrin de la perte qui est le lot de ces familles et que l'on comprend le désir de châtiment auquel elles peuvent tenir. Mais, ainsi que je l'ai entendu de membres de familles qui ont perdu des êtres aimés au cours d'un meurtre, maintenir un système de peine de mort défectueux ne leur rendra pas ceux qu'elles aimaient, ne les aidera pas à guérir et ne tarira pas leur peine. Rien ne peut faire cela. A la place, nous devons consacrer nos ressources à la prévention du crime et aux besoins des familles de victimes, au lieu de dépenser notre argent pour conserver un système cassé.
L'ancien cardinal Joseph Bernadin a fait cette observation: « dans une démocratie complexe et sophistiquée comme la notre, il y a d'autres moyens que la peine de mort qui peuvent être utilisés pour protéger la société. » Dans notre système judiciaire actuel, nous pouvons imposer de dures punitions quand nécessaire. Les juges peuvent prononcer des peines d'emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle. Quand c'est nécessaire et approprié, l'Etat peut incarcérer des criminels jugés coupables dans des prisons de haute sécurité. Ces moyens devraient être suffisants pour satisfaire notre besoin de punition, de justice et de protection.
En tant que gouverneur, j'ai fait un serment d'obéir à notre Constitution et de fidèlement appliquer nos lois. Honorer ce serment requiert de prendre des décisions difficiles mais je n'en ai rencontré aucune aussi difficile à prendre que celle de ce jour. Je reconnaît que certains seront en fort désaccord avec cette décision mais je crois fermement que nous franchissons un pas important dans notre histoire, alors que l' Illinois rejoint les 15 autres Etats et de nombreuses nations dans le monde qui ont déjà aboli la peine de mort.
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