Odell Barnes Jr.

L'association Lutte Pour la Justice (LPJ) a été créée en 1999 pour soutenir Odell Barnes Jr., jeune afro-américain condamné à mort en 1991 à Huntsville (Texas) pour un crime qu'il n'avait pas commis et exécuté le 1er mars 2000 à l'aube de ses 32 ans. En sa mémoire et à sa demande, l'association se consacre à la lutte pour l'abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et en particulier au Texas. (voir article "Livre "La machine à tuer" de Colette Berthès en libre accès" ) : https://www.lagbd.org/images/5/50/MATlivre.pdf

mercredi 17 juillet 2013

Warren Hill de nouveau sauvé de justesse (Georgie)

L'exécution de Warren Hill, condamné à la peine de mort en 1991 pour le meurtre d'un codétenu, a été de nouveau suspendue in extremis lundi. En cause cette-fois: le produit létal injecté. La juge a jusqu'à jeudi pour trancher. Si la Défense du Noir-Américain n'a pas trouvé une autre parade, d'ici-là, il sera pour de bon exécuté. C’est la troisième fois que Warren Lee Hill obtient un sursis de dernière minute. Comme en juillet 2012, puis en février dernier, l’euthanasie de ce Noir-Américain de 53 ans, dont 22 dans le couloir de la mort, qui devait avoir lieu lundi à 19 heures à Jackson, en Géorgie (à 2 heures mardi en France), a été suspendue jusqu’à jeudi. Ceci afin de laisser au juge du comté de Fulton le temps d’examiner le recours de son avocat, Brian Kammer. Comme la première fois, c’est le Pentobarbital, le produit létal injecté, qui est controversé, rapporte l’Atlanta Journal Constitution. Depuis 1982, trois injections étaient en effet faites aux condamnés: une pour endormir, une pour paralyser et une pour provoquer l’arrêt cardiaque. Mais le nouveau procédé, déjà adopté dans plusieurs Etats -dont le Texas depuis l’exécution tout aussi polémique de Yokamon Hearn en juillet 2012- a simplifié la procédure. Or, les détracteurs de cette méthode dénoncent le fait que la loi protège l’identité des fabricants et fournisseurs de cette «substance». Un anonymat qui pourrait favoriser, selon eux, l’utilisation de produits périmés ou en tout cas inutilement douloureux pour le prisonnier. Mais ce débat masque en réalité celui beaucoup plus essentiel de la peine de mort en elle-même. En outre, le cas de Warren Hill est d’autant plus délicat qu’il souffrirait d’un retard mental, ce qui n’a pas manqué d’attirer l’attention nationale, les ONG de défense des droits de l’Homme dénonçant un acharnement contre cet homme –tandis qu’elles appellent à la commutation de sa peine en prison à perpétuité. En effet, les trois médecins qui avaient précédemment estimé que le quinquagénaire n’était pas déficient mental ont retourné leur veste au début de l’année –ce qui lui avait permis d’échapper à la mort. Le seuil de 70 de QI «Après avoir examiné les résultats de mon évaluation antérieure (…), je crois que mon jugement concernant M. Hill (…) était une erreur», a ainsi déclaré Thomas Sachy, un psychiatre légiste, sur l'AJC. Les experts ont expliqué qu'ils n'avaient à l'époque pas disposé de toutes les informations nécessaires pour établir un bon diagnostic, qui plus est avait été rendu «dans l’urgence». Amnesty International a notamment fait valoir que le criminel avait «grandi dans la pauvreté, dans une maison où il a été témoin, de même que ses frères et sœurs, de graves violences domestiques, son père ayant agressé sa mère à de multiples reprises». Elle souligne en outre que «la famille présente des antécédents de déficiences intellectuelles». Avis que ne partage pas le juge Frank Hull, qui estime au contraire qu’il y a un faisceau de «preuves fiables et objectives» qui dément cette présumée déficience. Warren Hill est doté d'un quotient intellectuel (QI) de 70, le niveau généralement reconnu par les experts pour établir un diagnostic de retard mental -la moyenne étant de 100. Or, dans une décision de 2002 (l'arrêt «Atkins contre Virginie»), la Cour suprême des États-Unis interdit l'exécution de condamnés souffrant de handicaps mentaux. Toutefois, la plus haute juridiction américaine a laissé à chaque État le soin de fixer les critères pour considérer un individu handicapé. En l’occurrence, la Géorgie exige que le retard mental soit prouvé «au-delà d'un doute raisonnable». Dans ce cas, si un juge a reconnu en 2003 un retard mental, il a estimé qu'il ne franchissait pas ce seuil de certitude –un jugement confirmé en appel. A noter qu’aucun autre État n'a un tel degré d’exigence pour faire appliquer cette jurisprudence. Habituellement, ils se contentent d’«une prépondérance de la preuve». Warren Hill a écopé de la peine capitale en 1991 pour le meurtre à la matraque d'un codétenu (Joseph Handspike) l’année précédente, alors qu'il purgeait déjà une peine de réclusion à perpétuité pour le meurtre de sa compagne en 1985.

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