Odell Barnes Jr.

L'association Lutte Pour la Justice (LPJ) a été créée en 1999 pour soutenir Odell Barnes Jr., jeune afro-américain condamné à mort en 1991 à Huntsville (Texas) pour un crime qu'il n'avait pas commis et exécuté le 1er mars 2000 à l'aube de ses 32 ans. En sa mémoire et à sa demande, l'association se consacre à la lutte pour l'abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et en particulier au Texas. (voir article "Livre "La machine à tuer" de Colette Berthès en libre accès" ) : https://www.lagbd.org/images/5/50/MATlivre.pdf

jeudi 6 août 2015

Seznec. Le procès sans fin

http://www.letelegramme.fr/bretagne/seznec-le-proces-sans-fin-03-08-2015-10726906.php

Un Breton envoyé au bagne pour un crime sans témoins, sans cadavre et sans aveux : la controversée affaire Seznec continue, près d'un siècle après les faits, de hanter et d'agiter les esprits. A lire aussi > Un combat juridique qui se solde par une défaite en 2006 > Un nouveau rebondissement ? Un visage sec et émacié, la peau fripée comme un parchemin. Et un regard cristallin qui vous transperce. Ce visage, cliché en noir et blanc de Guillaume Seznec âgé, hante les annales judiciaires depuis 92 ans. Mai 1923. Le 25, il fait encore nuit quand Guillaume Seznec, 45 ans, entrepreneur de sciage mécanique à Morlaix, prend la route avec Pierre Quéméneur, 45 ans, négociant en bois résidant à Landerneau et conseiller général du Finistère. Les deux hommes se sont retrouvés à Rennes, la veille, et doivent se rendre à Paris à bord d'une Cadillac appartenant à Seznec, mais gagée à Quéméneur pour garantir un prêt. Les deux hommes vont négocier un gros contrat de vente de véhicules américains de la Première Guerre mondiale. Dans la nuit du 27 au 28, Seznec rentre chez lui à Morlaix, avec sa Cadillac. Quéméneur, qui avait annoncé à ses proches qu'il rentrerait au plus tard le 28, ne réapparaîtra jamais. Un télégramme et une valise Le 4 juin, à la soeur de Quéméneur qui s'inquiète, Seznec raconte qu'en raison de pannes répétées de la voiture, il a dû laisser son compagnon de route à la gare de Dreux (Eure et Loir), le 25 au soir, à 80 km de Paris. Quéméneur avait rendez-vous, dit-il, le lendemain à Paris, à 8 h, avec un dénommé « Sherdly » ou « Chardy », l'Américain avec qui il devait traiter l'affaire de vente. « Peut-être a-t-il dû aller jusqu'en Amérique », poursuit Seznec. Le 10 juin, la disparition de Quéméneur est signalée à la 13e brigade de police mobile de Rennes. Le 13 juin, un télégramme signé « Quéméneur » est déposé au Havre, principal port de départ pour l'Amérique. Il indique : « Ne rentrerai Landerneau que dans quelques jours tout va pour le mieux - Quéméneur ». La famille demande la fin des recherches, mais se ravise le 16 juin, doutant de l'authenticité du télégramme. Le 20 juin, une valise de Quéméneur est retrouvée à la gare du Havre. À l'intérieur, les enquêteurs découvrent notamment une promesse de vente de Quéméneur à Seznec, tapée sur une machine à écrire Royal-10 (ce qui est rare à l'époque), portant sur une propriété située à Plourivo, dans les Côtes-d'Armor, et un carnet personnel dans lequel figurent ses frais de train entre Dreux et Paris, et entre Paris et Le Havre. Après vérification, les prix indiqués sont erronés. Rapidement, les enquêteurs mettent en doute la version donnée par Seznec. Le 30 juin, Guillaume Seznec est inculpé d'assassinat et de faux en écriture privée. 124 témoins et experts Huit mois plus tard, l'instruction est bouclée. Seznec a été interrogé à 67 reprises et confronté 30 fois aux témoins, en présence de son avocat. Un supplément d'information est néanmoins demandé. Trente-neuf nouveaux témoins sont notamment entendus. Le 28 juillet 1924, Seznec est renvoyé devant la cour d'assises du Finistère, pour assassinat et faux en écriture privée. Dans l'acte d'accusation, douze principales charges battent en brèche sa version des faits. Celui-ci n'a pas pu quitter Quéméneur à Dreux, car huit témoins les ont vus ensemble à Houdan, 20 km plus loin sur la route menant à la capitale. Seznec, qui a nié avoir quitté le Finistère après la fin mai, a été reconnu par de nombreux témoins au Havre, le 13 juin, jour où il a acheté, sous un faux nom, dans un commerce jouxtant le bureau de poste où le télégramme de Quéméneur fut déposé, la fameuse machine à écrire ayant servi à rédiger la promesse de vente. C'est encore Seznec qui est reconnu par deux témoins en gare du Havre, le 20 juin, trois heures avant que la valise de Quéméneur ne soit retrouvée. Et c'est encore lui qu'accablent trois experts en écriture ayant examiné le télégramme, les promesses de vente et le carnet de Quéméneur. Du 24 octobre au 4 novembre 1924, la cour d'assises entend 124 personnes, témoins, experts et juge d'instruction, dont 26 pour la défense. Le 4 novembre, Seznec échappe de peu à la peine de mort et est condamné aux travaux forcés à perpétuité, pour meurtre (la préméditation n'a pas été retenue) et faux en écriture privée. Guillaume Seznec purge sa peine au bagne de Cayenne (commuée à vingt ans en 1938). Après une remise de peine de dix ans, il est libéré en 1947. Il meurt le 13 février 1954, à l'âge de 76 ans, trois mois après avoir accidentellement été renversé par une camionnette, à Paris. En complément Révision : un non massif Contrairement à ce qu'affirmait Denis Seznec en 2006, la révision du procès n'a pas été repoussée à quelques voix près, mais à une écrasante majorité, comme le confiaient, en 2010, au Télégramme, trois magistrats de la cour de cassation ayant travaillé sur le dossier. "Seuls trois, voire quatre magistrats ont voté pour la révision."

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