Odell Barnes Jr.

L'association Lutte Pour la Justice (LPJ) a été créée en 1999 pour soutenir Odell Barnes Jr., jeune afro-américain condamné à mort en 1991 à Huntsville (Texas) pour un crime qu'il n'avait pas commis et exécuté le 1er mars 2000 à l'aube de ses 32 ans. En sa mémoire et à sa demande, l'association se consacre à la lutte pour l'abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et en particulier au Texas. (voir article "Livre "La machine à tuer" de Colette Berthès en libre accès" ) : https://www.lagbd.org/images/5/50/MATlivre.pdf

mardi 3 novembre 2015

Une "mort anticonstitutionnellement douloureuse". Execution prévue mardi dans le Missouri

Ernest Johnson, condamné pour un triple meurtre commis en 1994, doit être exécuté ce mardi dans le Missouri. Seulement, son cas scandalise les défenseurs des droits de l'Homme pour plusieurs raisons: il souffre d'une tumeur au cerveau, d'une déficience mentale, et doit subir une injection de pentobarbital, barbiturique toujours utilisé aux Etats-Unis malgré la controverse persistante. 

Les Etats-Unis se préparent à exécuter mardi un prisonnier atteint d'une tumeur au cerveau. Ernest Johnson, 55 ans, détenu dans l'Etat central du Missouri, doit recevoir l'injection létale à partir de 18H00 locale (00H00 GMT mercredi soit 1H00 en France), après avoir tenté en vain d'obtenir un dernier sursis. Sa défense a en effet fait valoir que sa tumeur à évolution lente aux méninges, qui a fait l'objet d'une ablation chirurgicale partielle en 2008, risque d'amplifier de manière significative ses souffrances lors de la perfusion sanguine de pentobarbital, un puissant anesthésiant qui n'est plus qu'utilisé par les vétérinaires en France. Elle a rappelé que le 8e amendement de la Constitution américaine bannit les "peines cruelles ou inhabituelles".
Un tribunal du Missouri a reconnu la semaine dernière la possibilité que l'accusé endure une "mort anticonstitutionnellement douloureuse". Mais, a-t-il ajouté, le condamné ne propose aucune solution alternative permettant de procéder rapidement à son exécution. D'où le rejet de son recours. En réalité, ses avocats suggéraient une exécution par inhalation de gaz. Problème: "Actuellement le Missouri ne dispose pas de chambre à gaz opérationnelle", a expliqué lundi à l'AFP David Owen, porte-parole des services pénitentiaires de l'Etat.

Un QI de 67

Le cas d'Ernest Johnson ravive la polémique sur la peine de mort aux Etats-Unis, et la manière dont elle est appliquée. En effet, le quinquagénaire serait doté d'un quotient intellectuel de 67, selon la dernière évaluation réalisée dans le cadre de son procès. D'après Amnesty International, il avait un QI de 77 à l’âge de huit ans et de 63 l’âge de 12 ans. Il aurait reçu deux graves blessures à la tête quand il était enfant, en plus d'avoir été victime du syndrome d’alcoolisation fœtale.Or, dans une décision de 2002 (L'arrêt «Atkins contre Virginie»), la Cour suprême des Etats-Unis a interdit l'exécution de condamnés souffrant de déficience mentale -le seuil étant généralement fixé à 70 de QI.
En outre, rappelons que le pentobarbital est controversé depuis qu'il est utilisé par les Américains pour appliquer la peine capitale il y a quelques années -les experts jugeant qu'il provoque des morts lentes et douloureuses. Alors que les Etats-Unis se fournissaient en Europe, l'Union européenne a restreint, au fil des ans, l'exportation des barbituriques susceptibles d'être utilisés pour infliger la peine capitale. En conséquence de quoi des laboratoires clandestins se sont mis à en faire aux Etats-Unis; les organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent un contexte (provenance, composition) obscure. 
Ernest Johnson a été reconnu coupable d'un triple meurtre en 1994,dans une station service. Condamné à mort en 1995, puis en appel en 1999, sa peine a été confirmée une troisième fois en 2006. Mardi soir, sauf intervention du gouverneur Jay Nixon ou d'un tribunal, le Missouri exécutera son 7e prisonnier de l'année. Il s'agira alors de la 26e de l'année aux Etats-Unis –dont 12 au Texas, selon le Centre d'information sur la peine capitale (DPIC).

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