Odell Barnes Jr.

L'association Lutte Pour la Justice (LPJ) a été créée en 1999 pour soutenir Odell Barnes Jr., jeune afro-américain condamné à mort en 1991 à Huntsville (Texas) pour un crime qu'il n'avait pas commis et exécuté le 1er mars 2000 à l'aube de ses 32 ans. En sa mémoire et à sa demande, l'association se consacre à la lutte pour l'abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et en particulier au Texas. (voir article "Livre "La machine à tuer" de Colette Berthès en libre accès" ) : https://www.lagbd.org/images/5/50/MATlivre.pdf

samedi 19 mars 2016

Cour suprême, Obama provoque les républicains

C’est depuis le Rose Garden de la Maison Blanche, en compagnie du vice-président Jo Biden, que Barack Obama a annoncé mercredi son choix pour la Cour suprême : le juge Merrick Garland. Un mois après la mort soudaine de l’un des neuf magistrats de l’institution, le très conservateur Antonin Scalia, le président américain engage donc un long et féroce bras de fer avec les républicains, qui martèlent que cette nomination doit revenir à son successeur.
Ancien procureur, Merrick Garland, 63 ans, est actuellement le juge en chef de la cour d’appel de Washington. Originaire de Chicago, considéré comme un centriste plutôt modéré, il est très expérimenté et apprécié par des élus des camps républicains et démocrates. En 1997, lorsque Bill Clinton l’avait nommé à la cour d’appel de la capitale, le Sénat l’avait confirmé par 76 voix contre 23. Trente républicains avaient soutenu sa nomination. «Merrick Garland est reconnu pour sa décence, sa modestie, son intégrité, son impartialité et son excellence. Personne n’est mieux préparé que lui à servir immédiatement au sein de la Cour suprême», a souligné Barack Obama.
En vertu de la Constitution américaine, il revient au président de nommer les juges de la Cour suprême et au Sénat d’approuver ou rejeter ces nominations. «J’ai rempli mon devoir constitutionnel, il est temps pour le Sénat d’en faire autant», a dit Obama, appelant la chambre basse du Congrès à auditionner Merrick Garland de manière équitable puis à voter sur sa nomination. Rien de tout cela ne risque toutefois d’arriver car les républicains, qui contrôlent le Sénat, ont promis de bloquer le processus jusqu’à la prise de fonction, en janvier 2017, du prochain président.

Institution clé aux Etats-Unis, la Cour suprême a souvent le dernier mot sur des questions de société cruciales : avortement, port d’armes, mariage homosexuel, peine de mort, réforme de la santé. Après la mort d’Antonin Scalia, la Cour compte quatre juges conservateurs et quatre progressistes. L’orientation de son successeur fera donc sans doute pencher de manière décisive – et pour de longues années – la balance idéologique de la plus haute instance judiciaire américaine.
Quelques minutes seulement après l’intervention du président, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a répété que la chambre n’examinerait aucun candidat cette année. «Ce n’est pas une question de personne, mais de principe», a martelé l’élu du Kentucky, accusant Barack Obama de «politiser cette nomination» en cette année électorale. Même son de cloche chez Paul Ryan, le président républicain de la chambre : «Nous devrions laisser le peuple américain décider de la direction de la Cour Suprême.»
Barack Obama a quant à lui appelé les élus du Capitole à prendre du recul sur les enjeux partisans. «Demain, le Sénat va partir en vacances pour deux semaines. Mon espoir le plus cher est que les sénateurs en profitent pour réfléchir sur l’importance de ce processus pour notre démocratie», a-t-il déclaré sur le ton professoral qu’il affectionne – et qui irrite au plus haut point ses adversaires.
Sauf énorme surprise, le siège du juge Scalia devrait donc rester vacant jusqu’à l’an prochain. Conséquence : la Cour suprême, qui doit statuer en juin sur des sujets clés comme l’avortement et les mesures migratoires de Barack Obama, pourrait se retrouver paralysée. Sur le plan politique enfin, la bataille autour de la Cour suprême attise l’intérêt pour les élections sénatoriales, qui se tiendront le 8 novembre, en même temps que la présidentielle. Un tiers des 100 sièges sera remis en jeu, dont 24 détenus par des républicains, qui pourraient voir leur courte majorité menacée. Au cours des prochains mois, chaque camp devrait utiliser cet argument de la Cour suprême pour mobiliser son électorat. Au risque d’électriser encore davantage une campagne déjà fortement polarisée.
http://www.liberation.fr/planete/2016/03/16/cour-supreme-obama-provoque-les-republicains_1440044

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