Le président américain Donald Trump a beau souhaiter un recours accru
à la peine de mort, celle-ci a confirmé en 2018 son érosion aux
Etats-Unis, avec des exécutions et des verdicts à des niveaux
historiquement bas.
"Seuls" 25 condamnés à mort ont
été exécutés en 2018, dont le dernier jeudi soir en Floride, selon le
rapport annuel du Centre d'information sur la peine de mort (DPIC).
Autre
marque du recul de la peine capitale: l'Etat de Washington, dans le
nord-ouest, l'a déclarée illégale, devenant le 20e Etat abolitionniste
du pays.
Sur les trente autres, seuls huit ont
procédé à des exécutions et l'Etat conservateur du Texas en a réalisé
plus de la moitié (13) à lui seul, précise le DPIC, organisme
indépendant faisant autorité sur la question.
Les chiffres, hors Texas, sont au plus bas depuis 1991.
Même
"déclin" au nouveau des tribunaux: 42 peines capitales ont été
prononcées cette année dans tout le pays, loin des 315 condamnations à
mort de 1996.
Donald Trump réclame pourtant à intervalles réguliers un usage renforcé de la peine capitale.
"Les
gens qui s'en prennent à des innocents dans des églises, des temples,
devraient payer le prix ultime", avait-il lancé le 27 octobre, juste
après la pire tuerie antisémite de l'histoire américaine (11 morts dans
une synagogue de Pittsburgh).
En d'autres
occasions, le milliardaire républicain a réclamé la peine de mort pour
des tueurs de policiers, des islamistes ou pour lutter contre le trafic
de drogue.
Plus concrètement, il a nommé deux juges
conservateurs à la Cour suprême, plaçant le camp progressiste, plus
ouvert aux thèses abolitionnistes, en minorité pour de longues années.
La
haute juridiction a pour mission de veiller au respect de la
Constitution, qui interdit les punitions "cruelles et inhabituelles".
C'est donc elle qui, in fine, a le pouvoir de valider ou d'invalider la
peine capitale.
En 1972, elle l'avait abolie, avant
de la rétablir en 1976. Depuis, elle a restreint son usage, notamment en
interdisant en 2005 les condamnations à mort pour les mineurs.
- Une "folie" -
Mais
le recul de la peine capitale, entamé il y a une dizaine d'années,
s'explique surtout par les interrogations sur la légalité des injections
létales et sur la disponibilité des produits.
Les
opposants à la peine de mort ont multiplié les recours contre les
cocktails de médicaments utilisés, estimant qu'ils imposaient de longues
souffrances aux condamnés. Et les grands laboratoires pharmaceutiques,
désireux de ne pas être associés à la peine de mort, refusent de fournir
les produits.
Pour cette raison, l'année 2018 a été
marquée par la remise en service de la chaise électrique, utilisée à
deux reprises dans le Tennessee alors qu'elle n'avait pas servi depuis
2013.
Dans les deux cas, les condamnés ont préféré
la souffrance "courte" d'une électrocution à une lente agonie par
injection. La juge progressiste Sonia Sotomayor a dénoncé une "folie",
refusant de s'associer au feu vert donné à ces exécutions par ses
collègues de la Cour suprême.
Pour le DPIC, les
Etats-Unis s'éloignent aussi de la peine de mort parce que les
Américains sont de plus en plus sceptiques à son sujet.
Selon
un sondage Gallup d'octobre, 56% d'entre eux soutiennent la peine
capitale, une proportion semblable à 2017, mais au plus bas depuis 45
ans. Et, pour la première fois, seule une minorité (49%) pense qu'elle
est appliquée avec équité.
"Les résultats des élections de 2018 présagent de la poursuite du recul de la peine capitale", estime le DPIC.
Lors
des scrutins du 6 novembre, les électeurs ont souvent préféré des
procureurs partisans de réformes aux farouches défenseurs de la peine de
mort. Et des gouverneurs qui avaient imposé des moratoires sur la peine
de mort ont été réélus en Oregon et en Pennsylvanie, note le Centre.
L'organisation, non partisane, ne mentionne pas les prises de position de Donald Trump dans son rapport.
https://actu.orange.fr/monde/malgre-les-appels-de-trump-la-peine-de-mort-confirme-son-declin-aux-etats-unis-CNT000001b1lXf/photos/la-chambre-de-la-mort-du-penitencier-de-huntsville-au-texas-photographiee-en-2000-32619b6e86527ea5ea366b0972dc895f.html
Odell Barnes Jr.
L'association Lutte Pour la Justice (LPJ) a été créée en 1999 pour soutenir Odell Barnes Jr., jeune afro-américain condamné à mort en 1991 à Huntsville (Texas) pour un crime qu'il n'avait pas commis et exécuté le 1er mars 2000 à l'aube de ses 32 ans. En sa mémoire et à sa demande, l'association se consacre à la lutte pour l'abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et en particulier au Texas. (voir article "Livre "La machine à tuer" de Colette Berthès en libre accès" ) : https://www.lagbd.org/images/5/50/MATlivre.pdf
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