Deuxième jour d’audition au Sénat américain pour la juge Amy Coney Barrett. Ce mardi, la magistrate de 48 ans aux positions conservatrices, que Donald Trump souhaite voir entrer à la Cour suprême des Etats-Unis avant l’élection du 3 novembre, est de nouveau cuisinée par les sénateurs lors de séances de questions réponses avant d’être éventuellement avalisée lors d’un vote final la semaine prochaine comme le veut la Constitution américaine. Très appréciée de la droite religieuse, la juge a été désignée fin septembre par le président républicain pour succéder à la juge féministe et progressiste Ruth Bader Ginsburg, décédée huit jours plus tôt.

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Accompagnée de six de ses sept enfants, cette fervente catholique s’est donc présentée lundi au Sénat. A cette occasion, les 22 membres de la commission juridique, qui disposaient de dix minutes chacun pour des déclarations générales, ont étalé leurs opinions aux antipodes sur sa candidature. Les républicains, majoritaires à la chambre haute du Congrès, ont loué une juriste «brillante», une femme «exceptionnelle», une «superstar légale» qui, selon eux, saura défendre les libertés religieuses ; Tandis que les démocrates, qui ont peu de leviers pour bloquer sa confirmation, ont dénoncé une audition «irresponsable» en pleine pandémie, d’autant que trois sénateurs républicains ont été testés positif au Covid-19 en début de mois. Ils ont également accusé Donald Trump et les républicains de mépriser les électeurs, dont plusieurs millions ont déjà voté par correspondance et dénoncé un processus de confirmation «illégitime» si près du scrutin.

Attachée au «textualisme»

Dans un pays où seuls un tiers de la population est athée ou sans religion, les démocrates se sont gardés d’attaquer la magistrate sur ses convictions religieuses qui, selon ses détracteurs orientent pourtant sa lecture du droit. «Sa foi ne doit pas entrer en considération», a insisté lors d’un déplacement de campagne Joe Biden, le rival de Donald Trump, lui-même catholique pratiquant. Sa colistière, Kamala Harris, a comme les autres démocrates de la commission sénatoriale, opté pour un autre angle d’attaque : la défense de la loi sur l’assurance-santé de l’ancien président Barack Obama. En effet, un recours des républicains pour tenter d’abolir l'«Obamacare» doit être examiné en novembre par la Cour suprême qui, à en croire les démocrates, risque de l’annuler si la juge Barrett participe à la décision.

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Lors de son audition lundi, la magistrate a cependant juré «d’appliquer la Constitution et les lois telles qu’elles sont écrites», fidèle à la doctrine juridique dite du «textualisme» très prisée des milieux les plus conservateurs. Ces derniers reprochent en effet à la Cour suprême d’avoir créé de nouveaux droits, comme celui des femmes à avorter ou des couples homos à se marier, qui ne figuraient pas dans l’esprit des pères fondateurs du pays et espèrent que la nomination de la juge Barrett mette un terme voire inverse cette tendance. Donald Trump, à la peine dans les sondages face au démocrate Joe Biden, mise donc sur sa nomination pour galvaniser ces électeurs de droite, souvent évangéliques ou catholiques traditionalistes. «Elle va être une juge fantastique», a-t-il prédit lundi soir lors d’un meeting en Floride, le premier depuis qu’il a été dépisté positif au Covid-19 le 1er octobre. Si la juge Barrett les rejoint effectivement, le temple du droit comptera six juges conservateurs sur neuf, une solide majorité qui pourrait faire perdurer l’impact du 45ème locataire de la Maison-Blanche sur les Etats-Unis au-delà de ses mandats. 

LIBERATION avec AFP