Depuis dix ans, plus aucune exécution n'a eu lieu dans cet État américain, faute de produits mortels à injecter. Les élus viennent de résoudre le problème.
En Caroline du Sud, comme dans vingt-six autres États des États-Unis, la peine capitale existe encore, même si elle n'est réalisable que dans vingt- et-un d'entre eux.
Parmi ces États, certains offrent aux condamnés la possibilité de choisir la manière dont ils vont mourir. C'est le cas en Caroline du Sud, dont le gouverneur, Henry McMaster vient de signer une loi selon laquelle les condamnés à mort, faute de moyens pour être exécutés par injection létale, se voient donner le choix entre la chaise électrique et le peloton d'exécution, rapporte abcnews.
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Si une telle démarche peut sembler particulièrement cruelle, elle n'a rien de nouveau. En effet, avant la signature de cette loi, les condamnés s'y voyaient offrir le choix entre la vieille chaise électrique (109 ans au compteur), qui avait pris du service en 1912 (avant cela, les exécutions étaient gérées par les comtés, qui pendaient les condamnés) et une injection létale.
Or les condamnés savent que cette dernière option est impossible car l'État ne dispose pas des produits nécessaires pour la mener à bien. Trente-sept prisonniers attendent dans les couloirs de la mort de Caroline du Sud. Trois d'entre eux ont épuisé toutes leurs possibilités d'appel, et ils ont choisi d'être exécutés par injection, sachant que les autorités n'avaient pas les moyens de la réaliser. Entre 1996 et 2009, la Caroline du Sud a exécuté trois condamnés par an en moyenne. La dernière exécution a eu lieu en mai 2011, et les produits utilisés pour l'injection ont périmé en 2013. Depuis, les laboratoires pharmaceutiques qui les fabriquent refusent de les fournir.
Lassés par cette attente sans perspective de résolution, les élus de l'État ont donc élaboré puis voté une loi qui vient d'être signée, introduisant une nouvelle méthode pour tuer les condamnés: le peloton d'exécution. Trois autres États du pays utilisent déjà cette méthode: le Mississippi, l'Oklahoma et l'Utah. Il ne reste plus qu'à le mettre en place. Pour les partisans de cette nouvelle loi, votée à soixant-six voix contre quarante-trois à la Chambre des représentants (et approuvée par le Sénat en mars à trente-deux voix contre onze), dans la mesure où la peine de mort reste légale en Caroline du Sud, la justice doit aux familles des victimes que la sentence soit exécutée, d'une manière ou d'une autre.
Que justice soit faite, d'une manière ou d'une autre
Les Démocrates de l'État ont tenté d'y mettre un frein en proposant des amendements qui ont été refusés, notamment la diffusion en direct de l'exécution sur internet, ou l'obligation que des députés élus soient présents sur les lieux de l'exécution. «Nous devons accepter de regarder le visage des individus dont nous votons aujourd'hui la mort», a justifié le Démocrate Jermaine Johnson.
Les opposants ont également évoqué l'affaire George Stinney, un adolescent noir de 14 ans exécuté en Caroline du Sud en 1944 après un procès d'une journée, à la suite du meurtre de deux fillettes, procès annulé soixante-dix ans plus tard. À la Chambre des représentants de l'État, sept Républicains ont voté contre cette loi, la plupart affirmant que moralement, ils ne voyaient pas où était la logique d'envoyer des êtres humains à la mort trois mois après avoir approuvé un projet de loi interdisant quasiment tous les avortements. «Si la chaise électrique ne vous dérange pas, alors le bûcher ne devrait pas vous déranger beaucoup non plus», s'est indigné Jonathon Hill, représentant républicain de Townville.
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