La place de la religion lors des exécutions en débat à la Cour suprême des Etats-Unis
La Cour suprême des Etats-Unis examine mardi la demande d'un condamné à mort qui veut être touché par son pasteur lors de son exécution et pourrait en profiter pour délimiter la place de la religion dans les chambres de la mort.
John Ramirez, 37 ans, devait recevoir une injection létale le 8 septembre dans le pénitencier de Huntsville au Texas. Saisie en urgence, la Cour suprême avait suspendu in extremis son exécution et fixé une audience pour examiner le fond de l'affaire.
A l'âge de 20 ans, il avait poignardé un employé de magasin lors d'un cambriolage dans le sud de cet Etat conservateur. Il avait échappé à la police pendant quatre ans, mais avait finalement été appréhendé en 2008 et condamné un an plus tard à la peine capitale.
Quelques mois avant la date fixée pour son exécution, ce chrétien membre d'une église baptiste avait saisi les tribunaux pour réclamer que son pasteur puisse apposer ses mains sur son corps et prier à voix haute lors de son passage de vie à trépas.
Son conseiller spirituel a déclaré sous serment que ces gestes faisaient partie "des rites qu'il souhaite administrer à John Ramirez dans le cadre de leur foi commune", ont expliqué ses avocats dans des documents judiciaires.
Or, selon eux, les règles texanes "l'obligent à rester dans le coin d'une pièce comme une plante en pot".
Les autorités pénitentiaires texanes autorisent actuellement la présence d'un conseiller spirituel dans la chambre de la mort, mais celui-ci doit se tenir muet et à distance pour des motifs de "sécurité".
- Imam refusé -
La Cour suprême pourrait profiter de ce dossier pour clarifier sa jurisprudence sur les libertés religieuses des condamnés à mort, un sujet dont elle a été régulièrement saisie ces dernières années.
En 2018, elle avait refusé de bloquer l'exécution d'un détenu musulman qui réclamait la présence d'un imam à ses côtés dans la chambre de la mort.
Face au tollé général, elle avait quelques semaines plus tard suspendu l'injection létale d'un autre condamné qui voulait être accompagné par un conseiller spirituel bouddhiste dans ses derniers instants.
Soulignant que les chrétiens avaient droit au soutien d'un aumônier de leur confession, elle avait alors écrit que les autorités pénitentiaires ne devaient pas faire de différence entre les religions.
Plusieurs Etats avaient alors exclu tous les conseillers spirituels de la chambre de la mort.
En 2021, la Cour suprême a toutefois jugé que cette solution radicale empiétait trop sur le droit au libre exercice religieux, garanti par la Constitution des Etats-Unis, et a suspendu deux exécutions sur ce motif.
Le nouveau dossier devrait lui permettre de dire quelles limites à ce principe sont légitimes dans l'univers carcéral et plus encore, lors du passage de la vie à la mort.
AFP 9/11 2021
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