Publié par Thomas Hubert le 9/12/2009
Tsou Tzung Han est un enseignant taïwanais qui a participé activement aux activités pédagogiques organisées lors de la Journée mondiale contre la peine de mort. Dans le texte ci-dessous, il rend compte du travail accompli et fait part de sa confiance dans l’éducation pour parvenir à l’abolition.
"L’éducation à l’abolition est encore soumise à controverse à Taïwan. Selon les sondages, environ 72% de la population s’opposent à l’abolition de la peine de mort.
Paradoxalement, parmi eux, moins de la moitié croit que la peine capitale a un effet dissuasif sur les crimes les plus graves. De plus, et c’est intéressant, lorsqu’on leur demande quelle serait leur opinion si les peines de prison étaient allongées ou les conditions de libération anticipée restreintes, 56% des Taïwanais acceptent que la peine de mort pourrait être abolie.
Pour un défenseur des droits de l’homme, aujourd’hui professeur dans le secondaire, je pense réellement que l’insuffisance de l’école et du système éducatif en général sur ce sujet conduisent les gens à soutenir aveuglément la peine de mort.
Les gens ne connaissent pas la peine de mort
A Taiwan, les gens ne connaissent pas la nature cruelle de la peine de mort, ni les ressources qu’elle coûte à la société. Du moins pas assez. Le manque de supports pédagogiques en est la principale raison.J’ai donc été enchanté d’apprendre que la Coalition mondiale publiait un guide pédagogique pour la Journée mondiale contre la peine de mort. Sans hésitation, j’ai accepté de participer à sa traduction, en espérant le diffuser aussi largement que possible.
Cependant, en traduisant le guide, je me suis demandé si un ensemble de sujets aussi complexes abordés de façon si brève pouvait être utilisé en classe. Heureusement, l’Alliance taïwanaise pour mettre fin à la peine de mort (TAEDP) avait prévu un atelier de trois jours pour adapter le guide à la réalité des processus éducatifs taïwanais.
L’atelier a commencé par l’intervention d’experts de différents domaines, notamment un avocat, un juge, deux représentants religieux (un chrétien et un bouddhiste) et un écrivain. Ils ont partagé leur expérience vécue sur le sujet lors de la première journée. Ils ont vraiment élargi l’horizon des participants et nous ont aidé à comprendre le contexte et les exemples locaux.
Une semaine plus tard, les participants se sont retrouvés en neuf groupes, chacun devant transformer une activité en plan de cours concret. Avec un autre membre de TAEDP, j’étais chargé du module D1 : Méthodes d’exécution. Nous avons partagé notre plan de cours lors de l’atelier et reçu de nombreux commentaires des experts. Nous avons ensuite remis la version finale destinée à être publiée dans le guide en chinois.
Les élèves étaient choqués
Après l’atelier, j’ai préparé deux cours pour mes élèves de quatrième à partir des plans sur lesquels j’avais travaillé.
Le cours a commencé par une introduction dans laquelle j’exposais certains faits sur la peine de mort dans le monde et à Taïwan. Par exemple, j’ai évoqué le nombre de pays qui ont aboli la peine capitale et le moratoire en place à Taïwan depuis quatre ans.
Ensuite, nous avons travaillés par deux sur les documents relatifs aux méthodes d’exécution. Tous les étudiants ont été choqués de voir les méthodes hautement cruelles utilisées de par le monde, dans le passé comme aujourd’hui. Ils ont également pris conscience de l’importance de la dignité humaine et du droit à ne pas être torturé.
Pour le faire comprendre le problème plus en profondeur, je leur ai montré un extrait de journal télévisé concernant l’affaire Tan Ing Shan, un jeune aborigène condamné à mort pour avoir assassiné son employeur qui le faisait travailler plus de 17 heures par jour. Je voulais les faire réfléchir sur les liens entre peine de mort et discrimination.
Nous avons également regardé des extraits du film The Green Mile de Frank Darabont et nous avons terminé le cours par un débat sur le film le recueil des réactions par écrit. Presque tous les élèves ont affirmé avoir appris beaucoup et voudraient en savoir plus sur ce sujet.
Bien qu’ils restent incertains quant à l’abolition de la peine de mort, ils ont tous reconnu la complexité de chaque crime et la cruauté de la peine capitale.
L’éducation pour parvenir à l’abolition
D’après mon expérience, je crois vraiment que les Taïwanais ne seront pas prêts à accepter vraiment un monde sans peine de mort tant qu’ils en sauront aussi peu sur le sujet.
Alors que de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme font pression pour un changement de système imposé par le haut, je préfère faire campagne pour la nécessaire abolition de la peine de mort par l’éducation.
Maintenant que mes élèves ont commencé à réfléchir à la question, j’attends avec impatience la publication du guide pédagogique en chinois pour poursuivre le débat. J’espère qu’ils seront un jour capables de se lever pour cette cause et de se battre pour un Taïwan sans peine de mort."
Tsou Tzung Han est un enseignant taïwanais qui a participé activement aux activités pédagogiques organisées lors de la Journée mondiale contre la peine de mort. Dans le texte ci-dessous, il rend compte du travail accompli et fait part de sa confiance dans l’éducation pour parvenir à l’abolition.
"L’éducation à l’abolition est encore soumise à controverse à Taïwan. Selon les sondages, environ 72% de la population s’opposent à l’abolition de la peine de mort.
Paradoxalement, parmi eux, moins de la moitié croit que la peine capitale a un effet dissuasif sur les crimes les plus graves. De plus, et c’est intéressant, lorsqu’on leur demande quelle serait leur opinion si les peines de prison étaient allongées ou les conditions de libération anticipée restreintes, 56% des Taïwanais acceptent que la peine de mort pourrait être abolie.
Pour un défenseur des droits de l’homme, aujourd’hui professeur dans le secondaire, je pense réellement que l’insuffisance de l’école et du système éducatif en général sur ce sujet conduisent les gens à soutenir aveuglément la peine de mort.
Les gens ne connaissent pas la peine de mort
A Taiwan, les gens ne connaissent pas la nature cruelle de la peine de mort, ni les ressources qu’elle coûte à la société. Du moins pas assez. Le manque de supports pédagogiques en est la principale raison.J’ai donc été enchanté d’apprendre que la Coalition mondiale publiait un guide pédagogique pour la Journée mondiale contre la peine de mort. Sans hésitation, j’ai accepté de participer à sa traduction, en espérant le diffuser aussi largement que possible.
Cependant, en traduisant le guide, je me suis demandé si un ensemble de sujets aussi complexes abordés de façon si brève pouvait être utilisé en classe. Heureusement, l’Alliance taïwanaise pour mettre fin à la peine de mort (TAEDP) avait prévu un atelier de trois jours pour adapter le guide à la réalité des processus éducatifs taïwanais.
L’atelier a commencé par l’intervention d’experts de différents domaines, notamment un avocat, un juge, deux représentants religieux (un chrétien et un bouddhiste) et un écrivain. Ils ont partagé leur expérience vécue sur le sujet lors de la première journée. Ils ont vraiment élargi l’horizon des participants et nous ont aidé à comprendre le contexte et les exemples locaux.
Une semaine plus tard, les participants se sont retrouvés en neuf groupes, chacun devant transformer une activité en plan de cours concret. Avec un autre membre de TAEDP, j’étais chargé du module D1 : Méthodes d’exécution. Nous avons partagé notre plan de cours lors de l’atelier et reçu de nombreux commentaires des experts. Nous avons ensuite remis la version finale destinée à être publiée dans le guide en chinois.
Les élèves étaient choqués
Après l’atelier, j’ai préparé deux cours pour mes élèves de quatrième à partir des plans sur lesquels j’avais travaillé.
Le cours a commencé par une introduction dans laquelle j’exposais certains faits sur la peine de mort dans le monde et à Taïwan. Par exemple, j’ai évoqué le nombre de pays qui ont aboli la peine capitale et le moratoire en place à Taïwan depuis quatre ans.
Ensuite, nous avons travaillés par deux sur les documents relatifs aux méthodes d’exécution. Tous les étudiants ont été choqués de voir les méthodes hautement cruelles utilisées de par le monde, dans le passé comme aujourd’hui. Ils ont également pris conscience de l’importance de la dignité humaine et du droit à ne pas être torturé.
Pour le faire comprendre le problème plus en profondeur, je leur ai montré un extrait de journal télévisé concernant l’affaire Tan Ing Shan, un jeune aborigène condamné à mort pour avoir assassiné son employeur qui le faisait travailler plus de 17 heures par jour. Je voulais les faire réfléchir sur les liens entre peine de mort et discrimination.
Nous avons également regardé des extraits du film The Green Mile de Frank Darabont et nous avons terminé le cours par un débat sur le film le recueil des réactions par écrit. Presque tous les élèves ont affirmé avoir appris beaucoup et voudraient en savoir plus sur ce sujet.
Bien qu’ils restent incertains quant à l’abolition de la peine de mort, ils ont tous reconnu la complexité de chaque crime et la cruauté de la peine capitale.
L’éducation pour parvenir à l’abolition
D’après mon expérience, je crois vraiment que les Taïwanais ne seront pas prêts à accepter vraiment un monde sans peine de mort tant qu’ils en sauront aussi peu sur le sujet.
Alors que de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme font pression pour un changement de système imposé par le haut, je préfère faire campagne pour la nécessaire abolition de la peine de mort par l’éducation.
Maintenant que mes élèves ont commencé à réfléchir à la question, j’attends avec impatience la publication du guide pédagogique en chinois pour poursuivre le débat. J’espère qu’ils seront un jour capables de se lever pour cette cause et de se battre pour un Taïwan sans peine de mort."
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