Odell Barnes Jr.

L'association Lutte Pour la Justice (LPJ) a été créée en 1999 pour soutenir Odell Barnes Jr., jeune afro-américain condamné à mort en 1991 à Huntsville (Texas) pour un crime qu'il n'avait pas commis et exécuté le 1er mars 2000 à l'aube de ses 32 ans. En sa mémoire et à sa demande, l'association se consacre à la lutte pour l'abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et en particulier au Texas. (voir article "Livre "La machine à tuer" de Colette Berthès en libre accès" ) : https://www.lagbd.org/images/5/50/MATlivre.pdf

samedi 6 février 2010

Une plaidoirie d’avocat contre la peine de mort primée à Caen

Une plaidoirie d’avocat contre la peine de mort primée à Caen

L’avocate française Alexandra Dupuy a reçu le prix du public au Concours international de plaidoiries pour les droits de l’homme organisé par le Mémorial de Caen le 31 janvier. Elle a pris la défense de Romell Broom (photo), condamné à mort dans l’Ohio dont l’exécution ratée en 2009 a relancé le débat sur l’injection létale aux Etats-Unis.

« Je m’appelle Romell Broom et je vais mourir aujourd’hui. » La plaidoirie de Me Dupuy met d’emblée l’assistance à la place de ce condamné américain qui n’a pu être exécuté le 15 septembre 2009 après de douloureuses tentatives pour placer une perfusion afin de procéder à l’injection létale.L’avocate défend un homme évidemment victime de « torture ».

Une torture psychologique, d’abord alors que les 25 ans passés dans le couloir de la mort doivent déboucher sur la « libération inconditionnelle » de la mise à mort. « Il entend résonner les mots de son acte de mise à mort qui cognent sans relâche sur les murs de la cellule », plaide Me Dupuy.« Son corps est mutilé »Le jour de l’exécution, ce supplice moral fait place à une torture physique. Les bourreaux essayent à 18 reprises de placer une aiguille dans les veines de Romell Broom, sans succès. « Il n’en peut plus. Il tient son visage entre ses mains. Son visage est tout ce qu’il lui reste. Son corps est mutilé, enflé, il saigne. Il pleure », raconte l’avocate. « Cette scène de barbarie est si loin de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, si loin de l’Homme, de l’humanité, de l’être humain. »En quelques mouvements de manches, la plaidoirie aborde tous les problèmes qui font de l’injection létale un châtiment cruel, inhumain et dégradant incompatible avec la Constitution des Etats-Unis et le droit international, malgré les dénégations des juges et des politiques. Bourreaux incompétents (« Les médecins engagés jusqu’au plus profond de leur âme à sauver des vies refusent d’endosser la robe noire des anges de la mort »), injection de poisons responsables de douleurs « insoutenables », nombreux exemples d’exécutions ratées, origines troubles dans les euthanasies pratiquées par les médecins nazis…Quelle que soit la méthode choisie, la conclusion de Me Dupuy est sans appel : « Non, la peine de mort n’est pas acceptable. Parce que la justice des hommes ne peut pas être une justice qui tue. »En guise de jury, l’assistance a tranché en faveur de la défense en accordant le prix du public à cette plaidoirie lors de la 20e édition du Concours international de plaidoiries pour les droits de l’homme organisé par le Mémorial de Caen.

Cet événement invite les avocats du monde entier à plaider la cause d’une victime dont les droits les plus fondamentaux ont été violés. A ce jour, il a reçu plus de mille plaidoiries des cinq continents et convié 200 avocats à venir plaider la cause qu’ils ont choisi de défendre.

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