Le laboratoire pharmaceutique Hospira, le seul aux Etats-Unis qui fabriquait le thiopenthal, l'anesthésiant utilisé dans les exécutions par injection mortelle, a décidé d'en cesser la production, a-t-il annoncé vendredi dans un communiqué. Tous les projecteurs s'étaient tournés vers Hospira à la fin de l'été 2010 quand plusieurs Etats américains ont commencé à chercher des solutions pour pallier la rupture de stock nationale de thiopental. Le laboratoire était le seul à avoir reçu l'approbation de l'Agence américaine du médicament pour le fabriquer aux Etats-Unis. Le laboratoire avait insisté à l'époque sur le fait qu'il fabriquait "cet anesthésiant pour les hôpitaux, pas pour les exécutions capitales, et n'encourageait pas son usage dans ce type de procédure".
La production devait reprendre début 2011 mais Hospira "se retire du marché du thiopental et ne prévoit plus de reprendre la production", a annoncé le laboratoire vendredi.Le laboratoire a expliqué qu'il souhaitait faire fabriquer ce produit dans son usine en Italie mais que les autorités de ce pays avaient exigé que l'anesthésiant ne soit pas utilisé pour les exécutions capitales. "Ces discussions et des échanges en interne nous laissent penser que nous ne pourrons pas empêcher le produit d'être utilisé par les autorités pénitentiaires pour les exécutions", a expliqué Hospira. "Nous ne pouvons pas prendre le risque d'être tenus pour responsables par les autorités italiennes de cet usage", a-t-il ajouté, assurant "ne pas être prêt à prendre ce risque". "Nous regrettons que des débats dont nous n'avons pas la maîtrise aient contraint Hospira à se retirer du marché et que nos nombreux clients hospitaliers qui utilisent cet anesthésiant aux bénéfices connus ne puissent plus se le procurer grâce à Hospira", a-t-il affirmé.
Le cocktail mortel injecté aux condamnés est composé de trois produits diffusés par intraveineuse. D'abord le thiopental qui endort, puis le pancuronium qui paralyse les muscles et stoppe la respiration, enfin le chlorure de potassium qui arrête le coeur. Ces deux derniers produits seraient extrêmement douloureux si le condamné n'avait pas été endormi auparavant.
Lorsque la Cour suprême a validé en 2008 la méthode de l'injection mortelle, elle a déterminé que celle-ci ne constituait pas un "châtiment cruel et inhabituel", interdit par la Constitution, dans la mesure où les Etats utilisaient le thiopental. Les Etats américains qui ont été touchés par la rupture de stock en 2010 ont parfois, comme le Kentucky, reporté les exécutions. Mais la plupart du temps, Hospira étant le seul fabriquant approuvé par les autorités sanitaires américaines, c'est le système D qui a primé. L'Arizona a importé du thiopental de Grande-Bretagne avec la bénédiction de la Cour suprême puis en a vendu une partie à la Californie, selon des documents révélés par l'Organisation américaine de défense des libertés civiles (ACLU). Cette manœuvre a valu au gouvernement britannique d'être attaqué par l'organisation de défense des droits de l'homme Reprieve.
L'Oklahoma de son côté a emprunté une première dose à l'Arkansas avant de changer tout simplement d'anesthésiant, au profit d'un produit utilisé pour euthanasier les animaux, le pentobarbital. Les dernières doses fabriquées par Hospira approchant de leur date de péremption, le problème va désormais se poser à l'ensemble des Etats et notamment aux deux plus actifs en termes d'exécution, le Texas et l'Ohio.
Odell Barnes Jr.
L'association Lutte Pour la Justice (LPJ) a été créée en 1999 pour soutenir Odell Barnes Jr., jeune afro-américain condamné à mort en 1991 à Huntsville (Texas) pour un crime qu'il n'avait pas commis et exécuté le 1er mars 2000 à l'aube de ses 32 ans. En sa mémoire et à sa demande, l'association se consacre à la lutte pour l'abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et en particulier au Texas. (voir article "Livre "La machine à tuer" de Colette Berthès en libre accès" ) : https://www.lagbd.org/images/5/50/MATlivre.pdf
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