Le condamné à mort Dennis McGuire a-t-il été exécuté dans une souffrance intolérable ? Hier à Lucasville, l’homme pourrait avoir fait les douloureux frais du test d’un nouveau cocktail létal jusqu’ici jamais utilisé aux Etats-Unis et qui, avant même son utilisation, faisait déjà débat.
Selon le récit qui en est fait par le journaliste du quotidien local Colombus Dispatch, il aura fallu vingt-quatre minutes pour que le nouveau produit mortel, injecté par intraveineuse à 10h29 (heure locale), ne fasse son effet, contre cinq minutes prévues initialement. Selon les témoins, il aurait montré des signes d’immenses douleurs pendant une dizaine de minutes malgré son endormissement.

«Suffocation» et «râle profond»

Dennis McGuire, condamné à la peine capitale pour avoir violé et tué une jeune femme enceinte en 1989, a été exécuté par l’injection du sédatif midazolam et de l’antalgique hydromorphone, dont le mélange n’avait jamais été utilisé aux Etats-Unis. Comme d’autres Etats américains, l’Ohio a changé de procédure pour les exécutions après le refus des fabricants européens de fournir, pour le châtiment suprême, l’anesthésiant employé jusqu’ici.
«A 10h33, McGuire a commencé à se débattre et à haleter fortement, en produisant des sons d’éternuement et de suffocation qui ont duré au moins dix minutes, le poing serré et la poitrine soulevée. Un râle long et profond sortait de sa bouche», raconte le journaliste. Dennis McGuire a été déclaré mort à 10h53 (16h53 à Paris).
Ses avocats avaient affirmé que McGuire allait mourir d’asphyxie par un phénomène de «manque d’air» et endurerait «une peine cruelle et inhabituelle» prohibée par la Constitution. Mais tous les appels du condamné, jusque devant la Cour suprême des Etats-Unis, avaient été rejetés.S’il est prouvé que l’homme, a vraiment été exécuté dans la souffrance, ce serait un nouveau scandale pour la justice américaine. En novembre 2012, une officine du Massachusetts qui fournissait des produits pharmaceutiques pour les exécutions avait été jugée responsable d’une épidémie mortelle de méningite par manque d’hygiène.

L'ancien cocktail déjà mis en cause

Déjà, en 2007, une étude scientifique réalisée sous la direction d’un chirurgien de l’université de Miami, Leonidas Koniaris, prouvait que dans certains cas, le cocktail de poisons employé depuis 1977 pouvait, constituer une torture. Les Etats qui pratiquaient la peine de mort utilisaient alors les trois mêmes poisons : un sédatif censé rendre inconscient, un paralysant, le bromure de pancuronium, et le chlorure de potassium, qui provoque un arrêt du cœur. Selon Koniaris, le produit paralysant «éveille toutes les fibres douloureuses, comme si tout le corps était en feu», et est interdit sur les animaux. «Dans certains cas», dit cette étude, le supplicié se voit injecter une dose de sédatif insuffisante et ressent une extrême douleur, sans être capable de l’exprimer car le paralysant l’en empêche