Odell Barnes Jr.

L'association Lutte Pour la Justice (LPJ) a été créée en 1999 pour soutenir Odell Barnes Jr., jeune afro-américain condamné à mort en 1991 à Huntsville (Texas) pour un crime qu'il n'avait pas commis et exécuté le 1er mars 2000 à l'aube de ses 32 ans. En sa mémoire et à sa demande, l'association se consacre à la lutte pour l'abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et en particulier au Texas. (voir article "Livre "La machine à tuer" de Colette Berthès en libre accès" ) : https://www.lagbd.org/images/5/50/MATlivre.pdf

dimanche 3 janvier 2010

Selon le Death Penalty Information Center, la peine de mort recule aux Etats-Unis

Qu’il s’agisse de condamnations ou d’exécutions, la peine de mort est en déclin, selon le Death Penalty Information Center. Trois Etats ont aboli la peine capitale et le nombre de condamnés à mort a diminué de 47%. Sentence trop cruelle peut-être, mais surtout, le couloir de la mort revient cher.
« De plus en plus d’Etats américains se demandent si cela vaut la peine de maintenir la peine capitale », affirme Richard Dieter, le directeur du Centre d’information sur la peine de mort. (DPIC) L’organisme vient de publier son rapport annuel (Pdf) et souligne que le nombre de condamnations à mort a reculé continuellement ces 10 dernières années, pour tomber en 2009 à son niveau le plus bas : 106. Richard Dieter rappelle, à titre de comparaison qu’en 1994, 324 personnes avaient été condamnées.
La peine de mort a été rétablie aux Etats-Unis en 1976. Auparavant, elle avait été suspendue pendant une dizaine d'années par la Cour suprême qui avait jugé que son application arbitraire, notamment sur le plan racial, constituait une violation du 8e Amendement de la Constitution.
Actuellement, on exécute au niveau fédéral et dans trente-cinq États fédérés sur cinquante. Mais depuis quelques années, le lobby abolitionniste peut se targuer d'avoir remporté de petites victoires. Raphaël Chenuil Hazan dirige l’ONG Ensemble contre la peine de mort, il a constaté « un frémissement positif » sur ce dossier au sein de l’opinion publique américaine mais le phénomène existe surtout chez les élites. Les Américains restent majoritairement favorables aux exécutions capitales.
Un système très onéreux
La crise économique joue pourtant en faveur des abolitionnistes, « la peine de mort est un système qui revient très cher », rappelle Richard Dieter. Condamner à mort coûte 3 à 5 fois plus que condamner à la prison à vie, pour plusieurs raisons. D'abord il est très rare qu'il se passe moins de dix ans entre l'annonce de la sentence et son application, les détenus sont donc gardés dans des cellules individuelles, dans des quartiers spéciaux (les fameux couloirs de la mort) pendant des années. Ils sont presque toujours défendus par des avocats payés par l'État. Enfin, les recours sont multiples et retardent le processus. Conséquence : dans le Maryland, les contribuables dépensent par exemple 37, 2 millions de dollars pour une exécution. La Californie paie chaque année 137 millions de dollars pour la gestion des 690 condamnés à mort qui attendent d’être exécutés.
Les erreurs judiciaires font réfléchir
Les arguments en faveur de l’abolition ne sont pas seulement économiques. Richard Dieter souligne qu’il y a eu ces dernières années « de nombreuses erreurs judiciaires. Plus de 200 personnes ont été acquittées après avoir passé plusieurs années dans le couloir de la mort. Ces erreurs ont mis les gens mal à l’aise et cela a incité les jurés et les tribunaux à ne pas prononcer systématiquement la peine capitale ».
Toujours au chapitre éthique, la Cour suprême a suspendu l’application de la peine de mort en 2009, pendant 4 mois, suite à une controverse sur l’injection mortelle. En septembre dernier, une nouvelle polémique éclate avec l’affaire Romell Broom. Ce détenu de 53 ans a vécu l’enfer pendant deux heures et demie alors que l’équipe médicale chargée de son injection mortelle n’avait pas réussi à lui trouver une veine. Il a été piqué 18 fois, sans succès, l’exécution a finalement été suspendue.
Le Nouveau Mexique a aboli la peine de mort
« Quelle que soit mon opinion sur la peine de mort, je n’ai pas suffisamment confiance dans le système judiciaire, dans son fonctionnement actuel, pour être l’arbitre final lorsqu’il s’agit de décider qui meurt et vit après un crime. Si l’Etat doit prendre cette décision extraordinaire, le système doit être parfait et ne peut jamais se tromper ». Cette déclaration est signée Bill Richardson, le gouverneur démocrate du Nouveau Mexique. Son Etat a aboli la peine de mort en mars 2009, devenant le 15eme Etat de l’Union à choisir comme peine maximale : la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle. Bill Richardson le reconnaît, il a pris la décision « la plus difficile de toute sa carrière politique ». L’homme était partisan de la peine capitale, il est devenu abolitionniste : « Je suis allé en prison. Ceux qui sont pris aujourd’hui dans le système carcéral appartiennent majoritairement aux minorités ethniques. J’ai vu des erreurs, les analyses ADN l’ont prouvé, j’ai entendu parler d’abus dans les dossiers d’accusation. En toute conscience, je devais choisir une solution alternative ».
Abolir, le Connecticut, le Colorado, le Montana et le Maryland y réfléchissent mais le processus n'a pas encore abouti. Raphaël Chenuil Hazan rappelle qu’au Texas, la question de l’abolition ne se pose toujours pas. Cet Etat détient le record d’exécution (24 en 2009). Un condamné à mort reste en moyenne 24 ans dans le couloir de la mort texan.
Source: RFI, 24 décembre 2009

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