Les
raisons possibles d'un bond mystérieux dans les exécutions
Les
condamné peuvent demander un antalgique. Leur fin n'est pas télévisée
et elle est donnée d'un coup de sabre rapide, porté un bourreau
habile plutôt que par la mise en pièce avec un couteau de cuisine
manié par une brute non entrainée. Sinon il n'y a pas grande
différence entre une sentence de mort dans «l'état islamique- EI»
des djihadistes et en Arabie Saoudite, un pays considéré comme un
allié crucial de l'Ouest dans le combat contre l'Etat Islamique. Il
n'y a pas non plus de grande différence entre les deux entités dans
les autres applications d'une rigueur extrême de la Charia, ou loi
islamique, incluant les coups de fouet en public et le droit des
victimes à réclamer la vengeance « œil pour œil, dent pour
dent ».
Les
deux suivent la jurisprudence hanbalite, la plus traditionnelle des
quatre écoles de la loi islamique sunnite
traditionnelle : quand des Egyptiens réprimandent quelqu'un
qui pinaille, l'expression employée est « ne sois pas un Hanbalite ». Des dissidents de Raqqa, la ville syrienne qui est
la proto -capitale de l'EI, disent tous que les douze juges qui gèrent
maintenant le système judiciaire, jugeant chaque affaire depuis les
problèmes de propriété jusqu'aux crimes capitaux, sont Saoudiens.
Le groupe a aussi créé une police religieuse dans le genre de celle
d'Arabie Saoudite, chargée d'extirper le vice et de contrôler la
participation aux prières. Et comme dans les zones administrées
par l'E I, où des églises et des mosquées non sunnites ont été
détruites ou converties à d'autres usages, l'Arabie Saoudite
interdit la pratique religieuse non musulmane. A titre d'exemple, le
5 Septembre, la police saoudienne a investi une maison à Khafji,
près de la frontière avec le Koweit, et mis en accusation 27
chrétiens asiatiques qui tenaient une cérémonie religieuse.
Au
cours des derniers mois, E I a mené des centaines, peut être des
milliers d'exécutions, la plupart à l'arme à feu plutôt que par
décapitation et sans procès d'aucune sorte. L' Arabie Saoudite est
loin d'avoir la gâchette ou l'épée aussi facile. Cependant, dans
l'espace de 18 jours, au mois d'Août, le royaume a décapité
quelques 22 personnes suivant les avocats des droits de l'homme.
Cette augmentation de meurtres – le royaume a mené 79 exécutions
l'an dernier- fut surprenante non seulement par sa soudaineté mais
aussi parce que beaucoup parmi les exécutés étaient coupables de
délits relativement mineurs comme la consommation de hachich ou,
étrangement, la « sorcellerie ». Dans un cas, l'accusé
a été déterminé handicapé mental mais il a néanmoins perdu sa
tête.
Surprise
aussi car le royaume saoudien, au cours des années récentes, avait
desserré doucement quelques rigueurs et fait des efforts pour tenir
les rênes à la police religieuse. Quelques voix critiques
saoudiennes font part de leur crainte que ce soudain regain soit une
réponse au défi posé par l'Etat Islamique. Peut être est-ce une
tentative pour prouver aux saoudiens les plus conservateurs que le
royaume reste un état « islamique » plus vrai qu'aucun
autre. D'autres voient cela comme faisant partie d'une politique plus
large pour affirmer le contrôle gouvernemental par rapport aux
signes de mécontentement grandissant de la jeunesse saoudienne qui
s'ennuie, cela incluant une dérive vers l'incroyance.
( publié le 20 Septembre 2014 dans The Economist)
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