Odell Barnes Jr.

L'association Lutte Pour la Justice (LPJ) a été créée en 1999 pour soutenir Odell Barnes Jr., jeune afro-américain condamné à mort en 1991 à Huntsville (Texas) pour un crime qu'il n'avait pas commis et exécuté le 1er mars 2000 à l'aube de ses 32 ans. En sa mémoire et à sa demande, l'association se consacre à la lutte pour l'abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et en particulier au Texas. (voir article "Livre "La machine à tuer" de Colette Berthès en libre accès" ) : https://www.lagbd.org/images/5/50/MATlivre.pdf

vendredi 3 octobre 2014

Crime et punitions en Arabie Saoudite: les autres décapités


Les raisons possibles d'un bond mystérieux dans les exécutions

Les condamné peuvent demander un antalgique. Leur fin n'est pas télévisée et elle est donnée d'un coup de sabre rapide, porté un bourreau habile plutôt que par la mise en pièce avec un couteau de cuisine manié par une brute non entrainée. Sinon il n'y a pas grande différence entre une sentence de mort dans «l'état islamique- EI» des djihadistes et en Arabie Saoudite, un pays considéré comme un allié crucial de l'Ouest dans le combat contre l'Etat Islamique. Il n'y a pas non plus de grande différence entre les deux entités dans les autres applications d'une rigueur extrême de la Charia, ou loi islamique, incluant les coups de fouet en public et le droit des victimes à  réclamer la vengeance « œil pour œil, dent pour dent ».
Les deux suivent la jurisprudence hanbalite, la plus traditionnelle des quatre écoles  de la loi islamique sunnite traditionnelle : quand des Egyptiens réprimandent quelqu'un qui pinaille, l'expression employée est «  ne sois pas un Hanbalite ». Des dissidents de Raqqa, la ville syrienne qui est la proto -capitale de l'EI, disent tous que les douze juges qui gèrent maintenant le système judiciaire, jugeant chaque affaire depuis les problèmes de propriété jusqu'aux crimes capitaux, sont Saoudiens. Le groupe a aussi créé une police religieuse dans le genre de celle d'Arabie Saoudite, chargée d'extirper le vice et de contrôler  la participation aux prières. Et comme dans les zones administrées par l'E I, où des églises et des mosquées non sunnites ont été détruites ou converties à d'autres usages, l'Arabie Saoudite interdit la pratique religieuse non musulmane. A titre d'exemple, le 5 Septembre, la police saoudienne a investi une maison à Khafji, près de la frontière avec le Koweit, et mis en accusation 27 chrétiens asiatiques qui tenaient une cérémonie religieuse.
Au cours des derniers mois, E I a mené des centaines, peut être des milliers d'exécutions, la plupart à l'arme à feu plutôt que par décapitation et sans procès d'aucune sorte. L' Arabie Saoudite est loin d'avoir la gâchette ou l'épée aussi facile. Cependant, dans l'espace de 18 jours, au mois d'Août, le royaume a décapité quelques 22 personnes suivant les avocats des droits de l'homme. Cette augmentation de meurtres – le royaume a mené 79 exécutions l'an dernier- fut surprenante non seulement par sa soudaineté mais aussi parce que beaucoup parmi les exécutés étaient coupables de délits relativement mineurs comme la consommation de hachich ou, étrangement, la « sorcellerie ». Dans un cas, l'accusé a été déterminé handicapé mental mais il a néanmoins perdu sa tête.
Surprise aussi car le royaume saoudien, au cours des années récentes, avait desserré doucement quelques rigueurs et fait des efforts pour tenir les rênes à la police religieuse. Quelques voix critiques saoudiennes font part de leur crainte que ce soudain regain soit une réponse au défi posé par l'Etat Islamique. Peut être est-ce une tentative pour prouver aux saoudiens les plus conservateurs que le royaume reste un état « islamique » plus vrai qu'aucun autre. D'autres voient cela comme faisant partie d'une politique plus large pour affirmer le contrôle gouvernemental par rapport aux signes de mécontentement grandissant de la jeunesse saoudienne qui s'ennuie, cela incluant une dérive vers l'incroyance.

( publié le 20 Septembre 2014 dans The Economist)

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