«J'ai
été condamné à mort, je ne demande pas à être libéré, mais je demande à
ce que ma vie soit sauvée», a fait savoir Serge Atlaoui dans une courte
déclaration devant le tribunal de Tangerang ce mercredi. Mais le
Français condamné à mort pour trafic de drogue, devra encore attendre
pour être fixé. Le tribunal indonésien a décidé de ne pas instruire son
dossier, mais de le renvoyer devant la Cour suprême. Aucune date n’a
été, ni ne sera fixée : la Cour suprême publiera seulement sa décision
sur son site internet. Elle peut le faire très rapidement, comme cela
peut prendre plusieurs mois. A titre de comparaison, deux ressortissants
chinois dans la même posture qu’Atlaoui attendent depuis huit mois.
Théoriquement,
le prisonnier peut-être fusillé à tout moment, les autorités
considérant qu'un condamné à mort dont le recours en grâce a été rejeté
peut être exécuté malgré une demande de révision de son procès. Dans les
faits, le gouvernement indonésien, qui commence à recevoir de
nombreuses critiques internationales, s’est engagé à attendre la fin de
toutes les procédures en cours avant d'annoncer la date d'exécution et
les noms des détenus sur la prochaine liste, après celle de janvier.
Pour la première fois depuis 2013, six condamnés à mort, parmi lesquels
cinq étrangers, ont été exécutés le 18 janvier dans le pays dont la législation est l'une des plus sévères au monde en matière de drogue.
Serge Atlaoui avait déposé en février sa demande en révision de son procès, un ultime recours après que son demande de grâce a été rejetée
le 28 janvier par le président indonésien, Joko Widodo. L'avocate du
Français en Indonésie, Nancy Yuliana, a à ce propos annoncé ce mercredi
avoir déposé un recours devant le tribunal administratif de Jakarta pour
contester ce rejet.
L’audience
qui a eu lieu aujourd’hui, initialement prévue le 25 mars, avait dû
être reportée, la défense du prisonnier n’ayant pas réussi à rassembler
les fonds nécessaires pour financer son déplacement de la prison, sur
une île de Java, au tribunal, à 400 kilomètres de là. Sa présence était
en effet requise, alors que ces frais, y compris ceux engendrés par les
21 policiers qui ont été chargés de le suivre, sont à sa charge. Cette
fois, Serge Atlaoui a bien fait les sept heures de train qui le séparent
de la banlieue de Jakarta… pour une audience de 10 minutes – le temps
de signer le procès-verbal de la précédente audience le 11 mars, qui
sera adressé à la Cour suprême. Ce jour-là, le tribunal avait refusé
d’entendre les témoins de la défense.
L’artisan
soudeur et père de famille avait été arrêté en 2005 dans un laboratoire
clandestin de production d'ecstasy, dans la province de Banten. Il
s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu’il
pensait avoir été recruté dans une usine d'acrylique, pour arrondir ses
fins de mois. Mais il s’est fait piéger. En première instance, il a été
condamné à la perpétuité pour possession de drogue, une peine confirmée
en appel, mais aggravée en 2007 par la Cour suprême indonésienne,
celle-là même qui doit se prononcer désormais…
Source: Paris Match, 1 avril 2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire